Définition de HAUTAIN, AINE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : hô-tin, tè-n'

DÉFINITIONS

1
Qui s'élève haut par sa fierté et sa magnanimité.
Et dans ces grands tombeaux où leurs âmes hautaines [des rois] Font encore les vaines, Ils sont mangés des vers
de François de MALHERBE dans I, 3
Avec des qualités, où votre âme hautaine Trouvera mieux de quoi mériter une reine
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. V, 4
Nous verrons la vertu de cette âme hautaine
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. III, 2
C'est le plus prompt de tous comme le plus certain, Et le plus digne aussi d'un courage hautain
de Jean de MAIRET dans Sophon. III, 2
Ces conseils ne plairont qu'à des âmes hautaines
de Jean RACINE dans Alex. I, 2
Il se dit aussi des choses en ce sens.
En cette hautaine entreprise Commune à tous les beaux esprits
de François de MALHERBE dans III, 2
Et ce hautain désir qui te fait mépriser Plaisirs, trésors, grandeurs pour t'immortaliser
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. V
Ainsi mon vol hautain attend un sort funeste
de François L'Hermite, sieur du Soliers, dit TRISTAN L'HERMITE dans Panthée, II, 3
Ce sens, qui est le plus près du sens primitif, vieillit.
2
Qui pousse la hauteur d'âme jusqu'à l'arrogance et à la superbe.
[Le jeune homme] Hautain, audacieux, conseiller de soi-même, Et d'un coeur obstiné se heurte à ce qu'il aime
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. V
Maintenant que je ne suis plus que l'ombre d'Alexandre, je reconnais qu'Alexandre était trop hautain et trop superbe pour un mortel
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Dial. des morts anc. (Alexandre, Aristote).
Hautain est toujours pris en mauvaise part ; c'est l'orgueil qui s'annonce par un extérieur arrogant
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Hautain.
Les hommes pardonnent quelquefois aux femmes d'être hautaines, parce qu'ils leur passent tout ; mais les femmes ne le leur pardonnent jamais
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib.
Quand vous lisez les lettres de Jean Sobiesky, vous le voyez conquérant tracassé par une femme hautaine ; vous le voyez, de la tente du grand vizir, du milieu des trésors qu'il a conquis, écrivant à cette épouse dont il ménage l'orgueil, dont il flatte la coquetterie, et lui promettant les riches dépouilles du harem du vizir
de VILLEMAIN dans Litt. fr. 18e siècle, 2e part. 1re leçon.
Nature : Substantivement.
L'insolent est à l'égard du hautain ce qu'est le hautain à l'égard de l'impérieux ; ce sont des nuances qui se suivent, et ces nuances sont ce qui détruit les synonymes
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Hautain.
Il se dit aussi des choses.
Je saurai bien rabattre une humeur si hautaine
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 6
Leurs enfants ont déjà leur audace hautaine
de Jean RACINE dans Athal. III, 3
Moins piqué d'un discours si hautain Que touché des malheurs où cet État s'expose
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Brut. I, 2
Vous voyez cet Assur dont la grandeur hautaine Traîne ici sur ses pas un peuple de flatteurs
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Sémiram. I, 3

HISTORIQUE

1
XIe s.
Très qu'en la mer [il] conquist la tere altaigne
dans Ch. de Rol. I
2
XIIe s.
Jusqu'à la mer altagne [la haute mer]
dans Ronc. p. 1
Demain [je] les ferai pendre [les messagers] par dessus cest rivage, Ou saillir de la tour du plus hautain estage
dans Sax. XXVI
Ou saillir contreval d'une tour moult hautaine
dans ib. XX
3
XIIIe s.
Lors [elle] crie de rechef et plore à vois autaine
de AUDEFR. LE BAST. dans Romanc. p. 14
Douce dame, en despit ne vos veigne Se vos avez mon cuer entierement ; Se je sui bas et vous estes hautaigne [de haut rang], Servirai vos toz jors plus humlement
dans Mss. de poés. fr. avant 1300, t. I, p. 83, dans LACURNE
4
XIVe s.
Quant tu veux que ton faulcon soit hautain et prengne son hault
dans Modus, f° LXXXV
Helas ! dame, je vous asseure Que je ne suis jamais une heure Sans penser à ce haultain bien, Lequel par vous j'entens très bien
dans l'Alchim. à nat. 139
5
XVe s.
Il [le comte de Flandre] n'a pas le coeur si dur ni si hautain que, quand il nous verra en tel estat, il ne doie avoir merci [Philippe d'Artevelle aux Gantois]
de Jean FROISSART dans II, II, 153
Incontinent que le mary d'icelle Perrine fut couchié, chut auprès d'elle de maladie caduque ; dont icelle print telle paour, qu'elle fut en voye d'en devenir haultaine [épileptique]
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans alteratus.
6
XVIe s.
Il treuve leur route trop haultaine et inaccessible
de Michel de MONTAIGNE dans II, 116
Le rugissement haultain et espovantable de ce lion
de Michel de MONTAIGNE dans II, 192
Ceulx qui prennent mon silence pour une trop haultaine confiance ne m'en veulent gueres moins
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 203
Puis, après plusieurs haultaines [brillantes] expeditions, retourna en glorieux triomphe
de Jacques YVER dans p. 541
Il avoit, à ce que l'on dit, la voix plus forte et plus haultaine qu'homme qui fust en toute la ville d'Athenes
de Jacques AMYOT dans Alc. 54

ÉTYMOLOGIE

1
Dérivé de haut. Dans l'ancienne langue hautain a son sens propre : une tour hautaine, une voix hautaine, tour, voix élevée.

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